Ethogramme de la douleur chez le cheval monté

Sue Dyson

Un éthogramme catalogue les différents types de comportement observés chez un animal, à partir de définitions précises.

La majorité des 24 comportements recensés ci-dessous ont dix fois plus de chance d’être observés chez un cheval dans l’inconfort ou dans la douleur, que chez un cheval sans douleur.

Si un cheval monté affiche 8 ou plus de ces comportements, il est probablement boiteux ou souffre d’une autre douleur musculo-squelettique. Beaucoup de boiteries ne sont observées que lorsque le cheval est monté. Elles ne peuvent être apparentes que sous forme de ruptures d’allure ou de difficulté à effectuer certains mouvements.

 

1. Mouvements répétés de changement de posture de la tête
De haut en bas
N’est pas synchronisé avec le trot

 

2. Tête inclinée
Ou qui s’incline de manière répétée

 

3. Tête en avant de la verticale
De plus de 30 degrés
Pendant 10 secondes ou plus

 

4. Tête en arrière de la verticale
De plus de 10 degrés
Pendant 10 secondes ou plus

 

5. Position de la tête
Change régulièrement
Se vrille ou se tord d’un côté à l’autre
Constamment corrigée par le cavalier

 

6. Oreilles tournées vers l’arrière
En arrière de la verticale ou couchées
Une ou deux oreilles
Pendant 5 secondes ou plus
Couchée en arrière de manière répétitive

 

7. Paupières closes
Ou à moitié fermées
Pendant 2 à 5 secondes 
Cligne fréquemment des yeux

 

8. Sclérotique (blanc de l’œil)
Régulièrement visible

 

9. Regard fixe continu
Expression absente ou vitreuse
Pendant 5 secondes ou plus

 

10. Bouche ouverte
Et/ou se fermant fréquemment
Avec ouverture des dents
Pendant 10 secondes ou plus

 

11. Langue visible
Qui dépasse ou sortie
Et/ou rentrant et sortant de manière répétitive

 

12. Mors tiré dans la bouche
D’un coté
A gauche ou à droite
Fréquemment

 

13. Queue plaquée
Fermement au milieu
Tenue d’un coté

 

14. Fouaillements de la queue
Grands mouvements
Régulièrement de bas en haut, de gauche a droite ou de manière circulaire
Pendant les transitions

 

15. Allure précipitée
Fréquence du trot supérieure à 40 en 15 secondes
Rythme irrégulier au trot ou au galop
Changements de rythme fréquents au trot ou au galop

 

16. Allure trop lente
Fréquence du trot en dessous de 35 en 15 secondes
Trot passagé

 

17. Postérieurs qui ne suivent pas les traces des antérieurs
Déviés de manière répétitive sur la gauche ou la droite
Trot ou galop sur trois pistes

 

18. Changements de pied fréquents au galop
Des antérieurs et/ou des postérieurs
Départ souvent sur le mauvais pied
Désuni ou croisé

 

19. Changement d’allure spontané
Par exemple : tombe au trot quand il est au galop ou préfère prendre le galop quand il est au trot

 

20. Trébuche ou tombe
Plus d’une fois
Traîne les sabots des membres postérieurs de manière répétée et bilatérale

 

21. Changement de direction brusque
Dans le sens opposé de la demande du cavalier
Sursaute

 

22. Réticence à avancer
Doit être talonné ou encouragé verbalement
S’arrête fréquemment

 

23. Se cabre
Les deux antérieurs ne touchent plus le sol

 

24. Rue
Ou tape des postérieurs
Avec un ou deux membres

Version originale : https://www.saddleresearchtrust.com/wp-content/uploads/2020/07/Ridden-Horse-Pain-Ethogram-2020.pdf

Cet article est issu du travail de recherche : DYSON, S., BERGER, J., ELLIS, AD & MULLARD, J. 2018.

Development of an ethogram for a pain scoring system in ridden horses and its application to determine the presence of musculoskeletal bread. Journal of Veterinary Behavior, 23, 47-57.

DOI: 10.1016 / j.jveb.2017.10.008 Images copyright of SJ Dyson

À propos de l’auteur

Sue Dyson est une orthopédiste de renommée mondiale, clinicienne avec l’expérience de toute une vie dans l’évaluation des mauvaises performances des chevaux de sport et de loisirs. Elle est d’abord et avant tout une cavalière, c’est que qui la distingue de beaucoup d’autres vétérinaires dans son domaine.

Cours éducatifs

En collaboration avec Equitopia, Sue a créé un cours interactif en ligne sur la façon d’appliquer l’éthogramme de la douleur chez le cheval monté.

Equitopia est une source d’éducation en ligne sur les soins, le bien-être et la formation des chevaux par des professionnels hautement qualifiés dans les domaines équins. Disponible sur votre téléphone ou votre ordinateur par le biais de cours en ligne, de webinaires, de blogs et de podcasts.

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Le SRT favorise le bien-être et la performance du cheval monté. En tant qu’organisme de bienfaisance enregistré, nous soutenons la recherche scientifique dans le domaine complexe du cheval, de la selle et les interactions avec le cavalier et nous faisons la promotion d’une éducation fondée sur des données probantes pour toutes les parties prenantes du secteur équin.

Pour nous aider à atteindre nos objectifs, nous avons créé ce guide illustré avec le Dr Sue Dyson sur un sujet que nous pensons être de la plus haute importance.

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En cas de peur, le cheval est programmé pour bouger

Clio Marshall

Les cerveaux humains et équins ne sont pas semblables. Leurs millions d’années d’évolution les ont amené à se construire en fonction des besoins de chaque espèce.

Lorsque le cheval a quitté les forêts pour les grands espaces, sa stratégie de survie est devenue la suivante : courir pour mettre la distance de sécurité nécessaire entre la source du danger et lui, puis réfléchir, analyser, et enregistrer. Dans le cerveau d’un cheval, la perception est directement connectée à l’action.

Chez l’humain, l’œil envoie l’information au cortex visuel, qui l’envoie au cortex préfrontal, qui l’analyse puis l’envoie, si nécessaire, au cortex moteur. Chez le cheval, le cortex visuel est directement lié au cortex moteur primaire, qui commande l’exécution des mouvements.

Source : Horse Brain, Human Brain, Janet L. Jones, 2020

Il faut 45 minutes à un cheval pour que son œil s’adapte parfaitement à l’obscurité

Clio Marshall

“Les yeux s’adaptent à la lumière en rétractant leur pupille, et ils s’adaptent à l’obscurité en dilatant leur pupille. Il faut 25 minutes à l’œil humain pour s’ajuster lorsqu’il passe d’un soleil éclatant au noir total. Mais il faut 45 minutes à l’œil équin, presque deux fois plus de temps. Donc, lorsqu’il entre dans un bâtiment sombre alors qu’il fait grand jour dehors, votre cheval va souffrir de l’obscurité longtemps après que vous vous y êtes habitués.

Après adaptation, ses yeux sont 25 000 fois plus sensibles qu’ils ne l’étaient au départ. Maintenant, il peut voir. Malheureusement, sa séance de travail de 45 minutes est sur le point de se finir.”

Il en va de même en sens inverse, pour un cheval vivant au pré qui serait monté de nuit dans une carrière éclairée.

Suite à plusieurs commentaires “interrogatifs” (pour rester polie) sur le post initial, quelques précisions.

Cet article est la traduction d’un texte écrit par Janet L. Jones, doctorante et professeure en sciences cognitive, reconnue dans son milieu. Cet extrait particulier s’appuie sur les travaux de Zoe Davis, autrice du livre Equine Science, dont la troisième édition date de 2017, elle-même une référence dans son milieu. À moins que vous n’ayez quoi que ce soit pour appuyer vos propos, permettez-moi donc d’avoir une préférence pour leurs études plutôt que pour vos ressentis 😉

Ensuite, on ne parle pas de la même chose. La plupart d’entre vous parlent du temps d’adaptation durant laquelle l’œil est aveugle ou presque, qui, chez le cheval, dure entre 30 et 60 secondes (ce n’est pas moi qui le dit mais Michel-Antoine Leblanc). L’autrice parle ici du temps nécessaire à l’œil pour arriver à ses capacités optimales de vision nocturne. Elle ne dit pas que le cheval est aveugle pendant 45 minutes (oui, on parle bien de minutes, pas de secondes). Elle dit simplement que lorsqu’on passe d’un extrême à l’autre, il faut 45 minutes à l’œil pour retrouver ses capacités optimales. Et comme vous avez raison, on passe rarement d’un extrême à l’autre, on peut partir du principe que ce temps est un peu plus court. Mais je trouve important de garder ces 45 minutes en tête comme référence, justement pour éviter les erreurs du genre “ça ne prend que quelques secondes”. L’échelle n’est clairement pas la bonne.

Enfin, quelqu’un a demandé si le cheval “souffre” de cette transition. Je ne pense pas. Pour le coup, c’est plutôt ma traduction qui ne rend pas justice au texte original, mais j’ai toujours du mal à trouver un bon équivalent pour “struggle”. Par contre, étant limité dans l’un de ses sens (parce que sa vision n’est pas optimale) le cheval va se concentrer sur ses autres sens. Ce temps long peut donc expliquer pourquoi, dans ces situations, un cheval peut paraître plus sensible à certains stimuli sonores par exemple. Et pour ce qui est de la carrière éclairée, quand bien même l’œil s’est habitué à la lumière, la zone autour de la carrière est elle complètement aveugle.

J’espère avoir répondu à vos interrogations (et commentaires plus ou moins agréables), n’hésitez pas si vous en avez d’autres (sauf pour les commentaires désagréables, ceux-là vraiment, vous pouvez les garder 😘) !

Sources : traduction d’un passage de Horse Brain, Humain Brain, Janet L. Jones, 2020

Le marqueur ne remplace jamais la nourriture

Clio Marshall

Un marqueur (que ce soit un clicker ou un son, voire un geste) est un indicateur, et un annonciateur. Il informe l’animal de l’arrivée du renforçateur primaire. Dans ce cas là, le renforçateur primaire (que ce soit de la nourriture ou des grattouilles) est un stimulus attractif, quelque chose que le cheval va rechercher. Le marqueur ne peut jamais remplacer le renforçateur, simplement parce qu’ils n’ont pas le même rôle.

Avec le temps et l’entraînement, le marqueur peut devenir un renforçateur secondaire dans le sens où, à force d’annoncer une bonne nouvelle (l’arrivée du renforçateur primaire), il devient lui-même agréable. Mais il ne se suffit pas à lui-même et devra toujours être suivi du renforçateur primaire annoncé.

C’est le renforcement qui induit le comportement ; autrement dit, pour se reproduire, un comportement doit être renforcé.

Sources :
Don’t Shoot the Dog, Karen Pryor, 1984
“A conditioned reinforcer did not help to maintain an operant conditioning in the absence of a primary reinforcer in horses”, Léa Lansade et Ludovic Calandreau, 2018

Clio Marshall

Une étude de 2020 menée auprès de professionnels du monde du cheval et cavaliers montre que sur 1028 participants, 85, 4% pensent que le renforcement positif est la méthode d’entraînement la plus efficace. De manière assez contradictoire, 82,5% pensent que relâcher la pression est la récompense la plus efficace (ce qui correspond à du renforcement négatif). Plus inquiétant, 20,8% ont confondu renforcement négatif et punition.

Que nous indiquent ces chiffres ? Que bon nombre de cavaliers prennent le soulagement pour du plaisir. Qu’il est probable que bon nombre de cavaliers utilisent la punition lorsqu’ils pensent utiliser des renforcements. Que la formation en France et dans le monde est à la traîne concernant l’apprentissage chez le cheval, alors que la pratique de l’équitation, quelle que soit la forme qu’elle prend, y est inextricablement liée.

Il me semble que pour faire avancer le débat, chose nécessaire au vu de la tournure que prend le monde équestre aujourd’hui, il est important de s’accorder sur les termes.

Le terme « renforcement » désigne une procédure qui entraîne une augmentation de la fréquence d’émission d’un comportement. Le terme « renforçateur » désigne un stimulus qui renforce, donc augmente la fréquence d’émission d’un comportement.

Un renforçateur peut être appétitif ou aversif. Il ne peut pas être positif ou négatif, puisque ces notions renvoient à d’autres critères sur lesquels nous reviendront dans un prochain article.

Le renforcement est une procédure. Le renforçateur est un stimulus. Je sais qu’on a tous très envie de parler de récompense, mais la récompense est floue et n’a pas de définition commune. Ce n’est pas moi qui le dit aujourd’hui mais Estève Freixa i Baqué dans une note de 1981. « Tout ce qui précède montre à l’évidence qu’il est inexact de considérer « récompense » […] comme synonyme respectif de renforcement positif […]. Nous critiquons ces identifications non seulement pour leur caractère hédoniste, leur connotation morale, etc., mais parce qu’elles sont aussi erronées. »

Le terme de « récompense » était donc déjà erroné il y a 41 ans.

Un renforcement peut être positif ou négatif, et il est (très) important de bien comprendre qu’on ne parle pas ici du sens moral de ces termes mais de leur sens mathématique : positif comme une addition, parce que c’est l’ajout d’un stimulus qui va amener le comportement à se répéter ; négatif comme une soustraction, parce que c’est le retrait d’un stimulus qui va amener le comportement à se répéter.

Dans les deux cas, on observera toujours une augmentation de la fréquence du comportement, puisqu’on se place dans un processus de renforcement (opposé à la punition, qui a lieu lorsque la fréquence d’un comportement baisse).

Lors du renforcement négatif, on peut être amené à retirer (ou ajourner) un stimulus qu’on a nous-même introduit. Il n’empêche que c’est le retrait (et non l’ajout) de ce stimulus qui entraîne le comportement à se répéter. Par exemple, si je demande un départ au pas à mon cheval, je vais lui indiquer la direction puis lever mon stick (je mets de la pression). C’est le fait de baisser mon stick (et donc de retirer la pression) qui va amener mon cheval à enregistrer l’association et donc à répéter le comportement les fois suivantes.

Pour analyser votre fonctionnement et comprendre dans quel cadrant vous vous placez lorsque vous apprenez un comportement à votre cheval, vous pouvez reprendre les choses à l’envers :

  1. Est-ce que la fréquence du comportement en question augmente ou baisse ?
  2. Est-ce que cette fréquence augmente parce que j’ai ajouté ou retiré un stimulus ?
    Vous verrez que ce n’est pas toujours si simple (il est parfois même difficile de savoir quel comportement cibler)…

On peut qualifier un renforçateur à posteriori en fonction de deux critères : l’augmentation ou la diminution de la fréquence du comportement ciblé ET l’ajout ou la suppression d’un stimulus.
Si la fréquence du comportement augmente parce qu’on ajoute un stimulus, alors ce stimulus sera qualifié d’appétitif. De même si la fréquence du comportement diminue parce qu’on retire ce stimulus.
A l’inverse, si la fréquence du comportement augmente parce qu’on retire un stimulus, ou si elle diminue parce qu’on ajoute un stimulus, alors on pourra qualifier ce stimulus d’aversif.

Prenez le temps de relire ces trois phrases. C’est une petite gymnastique à choper, mais elle est essentielle.

Un stimulus appétitif ne doit pas seulement être bon ou sympa. Il doit être suffisamment motivant pour le cheval pour que celui-ci fournisse un effort pour l’obtenir (il produit ou non le comportement ciblé).
Un stimulus est aversif s’il est suffisamment désagréable pour que le cheval l’évite ou s’en échappe (et produise, ou non, le comportement ciblé).

À quoi ça sert de savoir ça, allez-vous me demander ? Déjà, c’est un petit complément d’un article sur la modification comportementale qui paraîtra la semaine prochaine sur cette même page. Ensuite, ça me permettra d’être sûre qu’on parle un langage commun lorsque j’aborderai, à la rentrée prochaine, les notions d’espace de choix, de consentement, bref, des choses un peu plus techniques. Enfin, ça permet de bien comprendre que vous ne pouvez pas décider si quelque chose est appétitif ou aversif. C’est l’apprenant, et non l’enseignant, qui décide de ça. Deux exemples rapides.
« Même avec des grains, il refuse de monter. » Les grains ne sont pas un stimulus appétitif dans cette situation.
« J’utilise le stick comme le prolongement de ma main pour le mettre sur le cercle. » Le stick (de même que la main) est un stimulus aversif dans cette situation.

Source :
Une mise au point de quelques concepts et termes employés dans le domaine du conditionnement opérant, Estève Freixa i Baqué, 1981
Dictionnaire du comportement animal, sous la direction de David McFarland, 1990
Du stimulus aversif à la cognition sociale, Denis Van Doosselaere, 1988
Karen Pryor, Carol-Ann Doucet, Max Easy (pour n’en citer que quelques unes, les sources sur ce sujet sont nombreuses)
https://thehorseportal.ca/2020/10/do-equestrians-know-how-their-horses-learn/?fbclid=IwAR1r_AjhyOPmibSPLcP4GkK4NzltHZHxAmI6OIPi_iMflNLcyajqLYOxjJc

Le licol en corde est un outil plus dur que le licol plat

Clio Marshall

Bien qu’au États-Unis, le licol en corde soit un accessoire traditionnel ancien (il n’existe que peu de licols plats là-bas), en France, il s’est développé ces vingt dernières années avec l’arrivée du Natural Horsemanship. Pour les adeptes de cette méthode, le licol en corde, ou licol éthologique, comme il est parfois appelé à tort, est plus qu’un équipement spécifique d’entraînement mais bien un outil du quotidien.

La corde utilisée pour les licol en corde est plus fine que celle utilisée pour les licols plats. La pression est donc concentrée sur une surface plus petite. Or des études récentes montrent que l’utilisation d’une pression constante ou trop forte sur les zones du nez et du chanfrein, zones particulièrement sensibles chez le cheval (McGreevy et al., 2017), peuvent causer un stress inutile (Fenner et al., 2016), de la douleur (McGreevy et al., 2012) et des lésions tissulaires (Casey et al., 2013; Murray et al., 2015; Docherty et al., 2016), surtout lorsque cette pression est mal appliquée. D’autres études nous rappellent que les cavaliers, amateurs comme professionnels, manquent de connaissances relatives aux théories de l’apprentissage et confondent renforcement négatif et punition positive.

On peut donc s’interroger sur l’impact de l’utilisation du licol en corde plutôt que du licol plat au quotidien, et sur la pertinence de ce choix.

Sources :
An evaluation of Parelli’s training methods, Alice Campbell
Parelli Tube, 2016
Do equestrians know their horses?, Tanja Bornmann, 2020

L’agression chez le cheval est rare

Clio Marshall

Les études montrent que les comportements agonistiques (agressifs) entre chevaux varient selon leurs conditions de vie. Dans tous les cas, ils sont bien plus présents dans les troupeaux domestiques que dans les troupeaux sauvages.

Plusieurs facteurs peuvent influer sur la fréquence de ces comportements :

  • la taille de l’espace de vie
  • la disponibilité des ressources
  • la taille du groupe
  • la composition du groupe
  • la stabilité du groupe
  • la douleur et le stress

Un troupeau agité, un cheval régulièrement blessé, un cheval qui mord ou attaque les autres membres du troupeau lors des repas sont autant de comportements qui doivent nous alerter (la liste est non exhaustive) . Le recours à l’agression entre chevaux est rare et ne peut justifier la non prise en compte du bien-être de l’animal par les personnes qui s’en occupent.

Sources :
Exploring aggression regulation in managed groups of horses Equus, C.Fureix, M. Bourjade, S. Henry, C. Sankey, M. Hausberger, 2012
Fureix C, Menguy H, Hausberger M. Partners with bad temper: reject or cure? A study of chronic pain and aggression in horses. Plos One 2010

La frustration freine voire empêche l’apprentissage d’un comportement ciblé

Clio Marshall

La frustration est une émotion ressentie lorsqu’il y a une différence entre l’anticipation de ce qui va être obtenu et ce qui est réellement obtenu (que ce soit en terme de délai, d’importance, de plaisir…). Dans un contexte d’apprentissage, on peut dire que la frustration apparaît lorsque l’accès au renforçateur est bloqué.

Par exemple, dans un apprentissage en renforcement positif, le cheval s’attend à être récompensé pour la mise du licol mais aujourd’hui la cavalière traîne à lui donner sa friandise. Dans un apprentissage en renforcement négatif, un cheval s’attend à ce que la pression des rênes se relâche lorsqu’il ralentit mais aujourd’hui, elle reste constante.

S’il n’y a pas accès au renforçateur, alors le comportement ciblé n’est pas renforcé. Si la situation dure, il est possible qu’elle mène à l’extinction du comportement en question. La frustration agissant par contre sur les mécanismes de l’attention, dans une situation de frustration, un cheval est plus à même de se concentrer sur des stimuli autres, et d’adapter son comportement en fonction pour se sortir de l’impasse dans laquelle il se trouve (l’impasse étant l’impossibilité d’accéder au renforçateur). Et nous sommes plus à-même de renforcer sans en avoir conscience ces comportements là.

Sources :
Hannah Brannigan, Drinking from the Toilet episode 4, The Relashionship Between Frustration and Extinction
Dictionnaire du comportement animal, sous la direction de David McFarland, 1990

Il existe différents types de sevrages

Clio Marshall

Chez le cheval comme chez les autres animaux, on distingue deux types de sevrages (ou trois selon la classification) :

  • Le sevrage alimentaire
    Chez le cheval, il commence autour de trois semaines, lorsque le poulain commence à se nourrir d’autre chose que du lait de sa mère, pour se finir vers onze mois, lorsqu’il cessera complètement de téter.
  • Le sevrage psycho-social
    Si les premiers jours de vie du poulain sont réservés à créer un attachement avec la mère, très vite, le jeune va multiplier les figures d’attachement au sein de son groupe familial. Ainsi le sevrage psycho-social commence dès ses premières semaines de vie.

Le sevrage au sens large se termine par une étape finale, la dispersion. Chez les chevaux, elle a lieu autour des trois ans. Les jeunes quittent alors le troupeau. La dispersion marque la fin du sevrage psycho-social.

Sources:
Dictionnaire du comportement animal, sous la direction de David McFarland, Oxford University Press, 1981
Equine Behaviour in Minf, Edited by Suzanne Rogers, 5m Publishing, 2018
Cheval qui es-tu ?, Michel-Antoine Leblanc, Marie-France Bouissou, Frédéric Chénu, Belin 2004

Le Cheval, ce pas si vieux copain de l’Homme

Clio Marshall

Si l’Eohippus, le plus vieil ancêtre du cheval, vit en Amérique du Nord et en Europe entre -55 et -34 million d’année, le cheval tel qu’on le connaît aujourd’hui, Equus Equus, est apparu lui il y a environ 1,5 million d’années. On estime sa domestication à 6 ou 7000 ans seulement, dans une région correspondant au Kazakhstan actuel.

A titre indicatif, la domestication du chat remonte à 9000 ans, celle de la chèvre à 11000 ans et celle du chien entre 15000 et 30000 ans.

“Tous les membres du genre Equus se caractérisent par leur alimentation faite de fibres, leur lieu de vie généralement ouvert et leur capacité à fuir rapidement.”

Voilà des caractéristiques que tous les ancêtres du cheval actuel partagent et ce depuis 40 million d’années, lorsque le Mesohippus apparaît, plus grand et plus rapide que l’Eohippus, et que son milieu de vie passe de forêt à plaine.

Les chevaux domestiques tels que nous les connaissons aujourd’hui sont le résultat de 35 millions d’années d’évolution. Ils sont désignés pour avoir peur du confinement et de la restriction de mouvement, de l’obscurité et des passages étroits, des mouvements brusques, des sons inconnus, des prédateurs et surtout, de la mise à l’écart du groupe. Les 6000 ans de domestication et les 100 ans (grand max) d’équitation moderne que nous leur connaissons ne sont rien par rapport à ces 35 millions d’années. “Un cheval qui refuse d’entrer dans un van ne se comporte pas comme un récalcitrant. Il se comporte comme un cheval.”

Heureusement pour nous, le cheval est avide de stimulations et très bon élève si tant est qu’on lui explique les choses. Il est donc tout à fait possible de lui apprendre à surmonter ses peurs.

Source :
Horse Brain, Humain Brain, Janet L. Jones, 2020
Marie Sutter, AnimHo