La privation de fourrage entretient le surpoids de votre cheval

Dr Juliet M. Getty •

Manger moins et faire plus d’exercice : voici dit-on le moyen de faire perdre du poids à votre cheval.
C’est bien ça ? Eh bien, oui et non. Oui, car réduire les apports caloriques et brûler plus de calories permet au corps de votre cheval d’utiliser l’énergie qu’il emmagasine. Mais non car il y a un composant au poids qui n’a rien à voir avec les calories – il a à voir avec les hormones.

Les hormones, telles que le cortisol et l’insuline, dictent au corps de votre cheval combien de graisse il faut stocker, et ces hormones sont particulièrement sensibles au stress. La science est complexe mais elle vaut le coup d’être entendue, alors regardons-y de plus près.

La recherche menée sur une variété d’espèces a montré à plusieurs reprises que le stress ordonne au corps de stocker de la graisse ; les changements chimiques qui prennent place sont similaires à ceux qui sont produits pendant une période de famine. Ceci est fondé sur le besoin primaire de se sentir en sécurité. Par conséquent, le stress « manipule » le corps du cheval vers le gain de graisse pour assurer la survie.
Si vous cherchez une solution aux problèmes de surpoids de votre cheval, vous allez peut-être tomber sur des conseils inappropriés pour la santé à long terme de votre équidé. Si cela semble évident de donner moins à manger à votre cheval, la question à se poser est la suivante : comment le faire ?
Si manger moins signifie retirer de sa disposition foin ou herbe, alors ce moyen est contradictoire avec les besoins de votre cheval. Retirez les céréales qui apportent de la graisse et les sucres, oui, mais ne retirez jamais, jamais, le fourrage.

Pourquoi ? Parce que la restriction de fourrage est la chose la plus stressante que vous puissiez infliger à votre cheval.
Les règles physiologiques sont incontestables : le cheval est un herbivore conçu pour brouter et donc mastiquer toute la journée. Cette mastication produit de la salive, qui neutralise l’acide qui s’écoule en permanence dans son estomac, estomac qui, par conséquent, ne doit jamais être vide. Il a également besoin que le fourrage traverse son appareil digestif afin d’entrainer ses muscles ; sans quoi ces muscles vont perdre de leur tonus, ce qui peut générer des coliques provenant de la faiblesse de ses intestins qui vont alors se tordre et s’invaginer. En plus, l’intestin postérieur doit être remplit de matière digérée pour la sortie, parce que la sortie et l’entrée se trouvent toutes deux en haut du système. Sans cela, la colique peut provenir de matière résiduelle à la base de l’intestin.
Nous pouvons alors observer des comportements compensatoires : les chevaux privés de fourrages peuvent se mettre à mâchouiller tout ce qu’ils vont trouver – barrières, arbres, voire même leur propre crottin. Mastiquer des objets non comestibles génère un inconfort mental chez les chevaux parce que cela va à l’encontre de leur instinct, mais ils tentent là de trouver une solution physique à leur inconfort et d’entretenir leur pulsion innée à manger.

Et maintenant, qu’en est-il des hormones ?
La privation de nourriture peut être stressante et chez les humains, il a été démontré qu’elle mène à un gain de poids. De nombreuses études ont été menées sur les raisons qui poussent le corps à accumuler plus de graisse sous l’impact du stress. Les recherches portant sur les chevaux sont moins nombreuses, mais elles sont tout de même présentes.
Le cortisol augmente avec l’augmentation de stress tels que les douleurs, les exercices intenses ou les transports, mais semble baisser avec la privation de nourriture.
Le mécanisme qui génère la réduction du cortisol sous l’effet d’un stress prolongé est probablement lié à l’altération de l’axe de la glande pituitaire surrénale de l’hypothalamus (HPA). L’axe de l’hypophyse (glande pituitaire) entraine en effet la participation de l’hypothalamus dans la sécrétion de plusieurs hormones, et ceci en une fraction de seconde lors d’un événement de stress.
L’hormone essentielle, le facteur de libération de corticotrophine (CRF), ordonne à la glande pituitaire de libérer l’hormone corticotrope (ACTH). L’ACTH atteint la glande surrénale (ou glande adrénale) qui démarre à son tour la sécrétion de cortisol, qui circule à travers le corps afin de stimuler des réponses physiologiques au stress. Dans le cas d’un stress prolongé, ces réactions biologiques activées par le stress finissent par diminuer, supprimant l’axe HPA et impactant ainsi négativement l’activation du CRF.

Les études qui ont montré une réduction du cortisol lorsque les chevaux étaient nourris au foin de façon restrictive ne peuvent pas être considérées comme une vérité absolue à cause d’une confusion potentielle de variables. Par exemple, dans la plupart des cas, il n’est pas précisé si les chevaux avaient déjà l’habitude d’une nourriture rationnée ou s’ils étaient nourris à volonté – autrement dit, il est possible qu’ils vivaient déjà dans une situation de stress prolongé. Dans ce dernier cas, cela paraitrait tout à fait logique que le niveau de cortisol soit bas, le cheval ayant déjà enduré l’adaptation à un stress chronique de l’axe HPA. Je n’ai trouvé aucune recherche qui prenne en compte de tels changements dans la méthode d’alimentation. Toutefois, une étude a été faite dans laquelle les poneys vivaient préalablement en bonne santé dans des prairies et dans laquelle tous, excepté l’un des poneys, avaient pris du poids après l’expérience.

Ce qui se passe ici, c’est qu’au bout de quelques mois, voire quelques années, le niveau de cortisol généré par un stress chronique acharné lié à la restriction de fourrage fini par redescendre. Par conséquent, avec le temps, la restriction de fourrage devient encore plus stressante que la douleur ! La douleur génère une réponse de cortisol immédiate. Mais le stress chronique éprouve l’axe HPA à un tel degré que le cheval ne peut plus réguler les réponses hormonales de son propre corps qui sont conçues pour le protéger et pour le garder en bonne santé.

Normalement, la sécrétion de cortisol suit le rythme circadien. Dans des circonstances normales, le taux de cortisol devrait être plus élevé le matin et peu à peu décroitre dans la journée. Pourtant, des études récentes ont montré que l’effet de la privation de nourriture génère au contraire l’effet inverse : les concentrations de cortisol sont au plus bas à 8h et atteignent un pic en milieu d’après-midi.
Nous savons que dans cette étude précise, certains chevaux étaient préalablement à l’herbe et d’autres (des étalons) étaient préalablement en box nourris au foin (bien qu’il ne soit pas précisé si le foin était donné à volonté ou à certains moments de la journée seulement). Néanmoins, les chercheurs ont reconnu que les niveaux de cortisol sont anormaux lorsque les moments de nourriture sont différés ou lorsque les lieux de nourrissage sont changés, les deux causes générant de remarquables niveaux de stress chez les chevaux.

Si l’on fait fit des niveaux de cortisol, la restriction de fourrage peut générer des douleurs d’estomac et du conduit gastro-intestinal. Lorsque ceci se produit, la douleur peut alors provoquer l’augmentation du niveau de cortisol. De graves ulcères peuvent rapidement se développer lorsqu’on enlève le foin, même pendant une ou deux heures. L’estomac relâche de l’acide en permanence, rendant le système digestif du cheval vulnérable et enclin à des ulcères douloureux en cas d’absence de fourrage régulier et à volonté.

Lorsque la restriction de nourriture cause de la douleur, le stress de la douleur peut mener à une augmentation de cortisol par l’intermédiaire de l’axe HPA. Un niveau de cortisol élevé stimule le foie qui va produire du glucose à partir des réserves de glycogène, ce qui aura pour conséquence d’augmenter la sécrétion d’insuline dans le pancréas.

Le stress fait s’élever la production d’adrénaline. Une autre hormone, connue sous le nom d’épinéphrine, entre en jeux pendant les moments de stress. Vous la connaissez sans doute sous le nom d’adrénaline. Elle est relâchée au moment de la peur ou de stress accrus. On en parle souvent comme de la réaction cliché « de lutte ou de fuite » face au stress.
Les chevaux ne brandissent pas l’épée pour se défendre lorsqu’ils sont menacés : ils prennent la fuite. Mais s’ils sont confinés, ils ne vont pas pouvoir s’enfuir et peuvent alors craindre que leur vie soit menacée. Un état de stress aussi fort que celui-ci va affecter le poids du corps de la même façon que le cortisol agit en faisant augmenter le glucose relâché des réserves de glycogène ou celui provenant de la production des aminoacides, tout ceci ayant pour finalité d’élever le taux d’insuline. Lorsque cet état de stress est prolongé, la sensibilité du cheval à l’insuline (c’est-à-dire la capacité de son corps à faire usage de l’insuline avec efficacité) diminue, ce qui laisse la porte ouverte au stockage de graisses.

La privation de foin pendant la nuit empire les choses. Des recherches menées par l’Université de Louisiane ont montré que des juments nourries au foin pendant la journée mais privées de foin la nuit montraient un niveau de résistance à l’insuline des plus hauts. Faites-vous cela à votre cheval ? Vous pensez peut-être que vous ne le faites pas mais si lorsque vous arrivez le matin il n’y a plus de foin, comment pouvez-vous savoir s’il manque du foin depuis 10 minutes ou depuis 2 heures du matin ? Si votre cheval manque de foin, il fait l’expérience de la douleur physique et de l’inconfort généré par l’acide qui baigne la paroi non protégée de son estomac supérieur. Ajoutez à cela ce qui peut se passer dans son esprit.
Il perçoit que « l’hiver arrive » et qu’il vaut donc mieux prévenir son corps pour qu’il retienne de la graisse. Ces deux facteurs de stress font finalement augmenter le taux d’insuline, et lorsque ce taux est élevé, il n’y a aucune chance pour que votre cheval ne brûle ses graisses. L’aspect vital à retenir de tout cela, c’est que grossièrement, nous sommes en train de dire à nos chevaux : « prend plus de poids encore car il faut te préparer à vivre une famine imminente.»

La résistance à l’insuline est produite par le foin et non par l’herbage. Cette même Université de Louisiane nous a apporté d’autres conclusions intéressantes. Les chercheurs ont comparé les chevaux nourris au foin avec ceux qui étaient nourris librement à l’herbe. Ils ont découvert que la résistance à l’insuline décroissait lorsque les chevaux étaient à l’herbe dans les prés et augmentait lorsqu’ils étaient au foin sec. Ils n’ont pas ajouté de raisons, mais ils pensent que ceci aurait quelque chose à voir avec le fait que les chevaux au pré ont plus l’occasion de faire de l’exercice en se déplaçant et sont moins stressés.

L’anticipation des prochains repas a un impact sur l’anticipation du stress. Des chercheurs de l’Université de l’Ohio, ont découvert que l’ennui et l’anticipation du prochain repas affectaient les niveaux de cortisol. Autrement dit, un cheval qui n’est nourrit que périodiquement et qui est ensuite laissé pendant des heures l’estomac vide, aura un taux de cortisol élevé dans son sang. Vous savez à quoi cela ressemble extérieurement : le cheval va se jeter sur le foin et le manger à toute vitesse parce qu’il se sent vraiment mal

Le rôle important de la leptine. Les tissus de graisse secrètent une hormone connue sous le nom de leptine. Dans des circonstances normales, la leptine va au centre de satiété de cerveau, dans la partie de l’hypothalamus, pour indiquer que le cheval a eu assez à manger et qu’il est satisfait. C’est le moyen qu’a le corps pour maintenir un état normal de poids : la graisse augmente, le taux de leptine augmente, le cerceau transmet au corps l’information qu’il a eu assez à manger, et le poids baisse.
Le problème dans le cas de l’obésité c’est que le corps est devenu résistant à la leptine à cause de la cytokine pro-inflammatoire qui est générée par la graisse et qui a potentiellement endommagé les aires de l’hypothalamus qui permettent de reconnaître la leptine. Le taux de leptine est donc élevé en ces circonstances, mais le cerveau n’y répond pas.
Résultat ? L’appétit ne diminue pas ; le cheval continue au contraire de manger, devenant plus obèse encore, produisant plus de citokines, et augmentant l’inflammation de l’hypothalamus, ce qui provoque une plus grande résistance à la leptine…

La restriction de fourrage génère une perte de masse musculaire. Dans une étude récente, la restriction de fourrage était proposée comme un moyen efficace de perte de poids. Pourtant, même si les chevaux avaient perdu du poids lorsque leur fourrage avait été limité, l’étude ne constatait pas de changement dans les mesures corporelles de l’encolure ou de la croupe.
C’est la longueur des muscles dorsaux qui avait diminué. Le poids perdu provenait donc pour la majeure partie de la perte de muscles ! Ce qui porte préjudice au taux de métabolisme. De plus, le taux de leptine avait diminué lorsque les chevaux étaient limités dans leur nourriture pendant 28 jours. À quoi cela vous fait-il penser ? Cela veut dire que le cheval a faim ! Et il n’y a rien à manger. C’est un peu stressant, non ?

Le ralentissement du métabolisme est exacerbé par la restriction de fourrage. Une autre étude récente a révélé que les chevaux en surpoids ne consomment pas forcément plus de nourriture que les chevaux qui présentent un poids normal. Donc, tous les chevaux obèses ne sont pas résistants à la leptine. Un ralentissement du taux de métabolisme a au contraire des chances de conserver le cheval dans une condition d’obésité sur une quantité de calories identique. Les tissus adipeux sont
métaboliquement plus lents que les muscles. Faire un régime sur la base d’une diminution de fourrage va forcer le corps du cheval à faire diminuer ses tissus musculaires en glucose, puisque le taux élevé d’insuline inhibe la décharge de glucose depuis les réserves de glycogènes du corps. Par conséquent, le taux de métabolisme devient plus lent au fur et à mesure que la masse musculaire diminue. Ceci contredit l’effort qui vise à aider un cheval à rester en forme tout en perdant du poids.

Le syndrome de l’intestin perméable (manque de fermentation) augmente l’inflammation. Le stress peut affecter la barrière intestinale qui protège la fonction gastro-intestinale. Ceci est connu sous le nom de « syndrome de l’intestin perméable » et peut créer de sérieux problèmes de santé chez toutes les espèces animales, y compris nos chevaux. Ce qui se passe ici, c’est que les intestins deviennent perméables aux substances dangereuses qui peuvent passer dans le sang et donner naissance à nombre de maladies. Des chercheurs de l’Université de Caroline du Nord ont tout récemment étudié ce syndrome chez les chevaux. Ils ont découvert que la perméabilité des intestins pouvait aboutir à une hausse de concentration des endotoxines, endommageant considérablement les muqueuses par une oxydation. L’influx d’endotoxines dans le sang, essentiellement de lipo-polysaccharides, stimule la production de cytokines pro-inflammatoires, et peut potentiellement mener à une inflammation hypothalamique qui peut aboutir à un taux élevé de leptine.

Alors, que devrions-nous faire pour aider nos chevaux à perdre du poids ?

  • Donner un fourrage approprié à volonté. Oui, vraiment ! Revenir doucement au pâturage naturel correspond à ce que le cheval ferait naturellement et redonne à ses cellules plus de répondant (plus de sensibilité) à l’insuline. Un cheval sain, sensible à l’insuline, est un cheval qui ne gagnera pas facilement du poids lorsqu’il sera nourrit à volonté.
  • Donner à l’exercice une place fondamentale dans votre plan. Il a été démontré que l’activité augmente la sensibilité des chevaux à l’insuline.
  • Réduire les concentrés. La réduction de calorie, bien qu’importante, ne devrait être accomplie qu’en réduisant, voire en éliminant, les nourritures commerciales et les apports de céréales.
  • Assurez-vous que votre foin est approprié au nourrissage à volonté. Il est recommandé de le faire tester, pour vérifier qu’il soit suffisamment faible en sucre, amidon et calories. Pour vérifier le rapport d’évaluation, regardez la colonne « matière sèche ». Ajoutez le pourcentage de glucides simples à celui de l’amidon. Ce total ne devrait pas excéder 11%. L’énergie digestible est un indicateur de calories et ne devrait pas excéder plus de 2,06 Mcal/kg sur une base de matière sèche.
  • Faites analyser votre prairie. Le pâturage est le meilleur moyen d’assurer la bonne santé de votre cheval. Les herbes ne sont pas seulement nourrissantes, elles assurent le soutient à la fois physique et mental de sa santé. Apprenez à connaître votre prairie, faites-la analyser régulièrement pour offrir à votre cheval les meilleures opportunités selon la saison et les conditions.
  • Permettez à votre cheval de se réguler par lui-même. Offrez-lui un fourrage toujours disponible, sans interruptions. Il intègrera rapidement le message qu’il peut s’éloigner, rassuré car certain que le foin sera toujours là lorsqu’il reviendra. Il se mettra à manger moins, et plus calmement.
  • Utilisez les paniers sur le museau avec précaution. Ils peuvent détourner l’objectif s’ils génèrent du stress. Les chevaux vont tenter de retirer le panier en buvant plus d’eau. Ils vont également être moins actifs et passer plus de temps à rester impassibles. Si vous essayez le panier, assurez-vous de limiter son utilisation à un maximum de 3 heures par jour parce que le chemin digestif a besoin de plus de fourrage que ces paniers ne le permettent. Soyez absolument certains que le masque permet une bonne évacuation de l’eau. Et ne mettez jamais un cheval au pré avec une muselière fermée ! Ce n’est pas seulement incroyablement cruel et stressant, c’est aussi dangereux.
  • Pensez aux moyens de ralentir l’ingestion de nourriture. Tous les chevaux n’en ont pas besoin mais ça peut aider certains à ralentir leur consommation.
  • Soyez vigilants aux inflammations. Une fois que le cheval a perdu de la graisse, son esprit peut rester résistant à la leptine, il a alors tout le temps faim et peut vite regagner le poids perdu. L’approche consistera alors à soigner le signal d’inflammation dans l’hypothalamus. La façon de s’y prendre est décrite dans un article récent sur l’obésité, ou sur les bénéfices du colostrum.

En résumé

Réduire les calories en privant les chevaux de fourrage entretient ironiquement le surpoids. Nous pouvons plutôt apprendre à faire attention aux besoins fondamentaux de nos chevaux, dont l’instinct est de pouvoir brouter en permanence. Les recherches valident ce postulat. Ces instincts sont fondés sur des besoins impérieux physiologiques et mentaux. Ne faites aucune erreur là-dessus : lorsque nous renions ou ignorons ces besoins, nous mettons sérieusement nos chevaux en péril. Plus vous vous rapprocherez d’une alimentation qui stimule un cadre naturel, meilleure sera la santé de votre cheval. Donnez à votre cheval l’opportunité d’être un cheval, et laissez-le vous dire ce dont il a besoin.

Traduit de l’anglais par Anne Cariou avec l’accord de l’auteure.

Juliet M. Getty est une chercheuse indépendante américaine en nutrition équine, auteure de Feed Your Horse Like A Horse. Vous pouvez retrouver l’ensemble de ses articles en version originale sur son site www.GettyEquineNutrition.com.

Comprendre les enjeux de l’attache

Clio Marshall

Imaginons que je vous invite à boire un thé à la maison. À votre arrivée, je vous propose de vous asseoir et vous ligote à une chaise. Tout en vous demandant comment s’est passée votre journée, je mets l’eau à chauffer, prépare la théière, et vous complimente sur votre nouvelle coiffure. On toque à la porte, je quitte la pièce pour ouvrir et entame une discussion avec le facteur. En revenant, je vous sers une tasse, que je vous aiderai à boire, accompagnée d’un cupcake que je vous aiderai à manger, toujours souriante, en reprenant la conversation où nous l’avions arrêtée. Je passe une très belle après-midi. Et vous ?

Pas sur. Pourtant vous avez à manger, à boire, il fait bon dans la pièce et vous êtes sur une chaise confortable. Vous n’avez aucune raison de vous plaindre. Les cordes qui vous entourent les poignets ? Où est le problème ? Si vous n’étiez pas attachée vous seriez de toutes façons restée assise sur cette chaise. Oui mais si vous vouliez vous rendre aux toilettes ? Alors là tout se complique. 

Si vous m’exprimiez le besoin d’utiliser le petit coin, je pourrais choisir de finir d’abord ma conversation, parce que j’ai vraiment très envie de vous raconter comme j’ai croisé hier un vieil ami et que le plus drôle est la fin, croyez-moi vous voulez l’entendre. Vous pouvez bien patienter un instant. Sauf si je décide d’enchainer sur le film que je suis ensuite allée voir, il était vraiment touchant, croyez-moi ça va vous plaire. Vous pouvez bien vous retenir un peu, vous dirai-je alors avec le sourire et une petite tape sur l’épaule. 

Parce que oui, vous êtes tout à fait capable de vous retenir. Vous n’interrompez jamais une réunion de travail pour aller vous vider la vessie. Pourtant là, assise sur cette chaise, ligotée aux barreau, vous ne m’écoutez plus. Tout ce qui compte pour vous, c’est de savoir QUAND je déciderai de vous détacher pour vous laisser libre d’aller satisfaire un besoin qui devient de plus en plus urgent parce que cette action ne dépend pas de vous. Votre frustration et votre angoisse ne viennent pas des cordes qui vous attachent à la chaise mais de l’absence de liberté de mouvement. Vous n’avez pas réellement peur d’être attachée, vous avez peur de ne pas pouvoir vous détacher lorsque vous en aurez besoin. 

Si vous m’exprimiez le besoin d’utiliser le petit coin, je pourrais aussi décider d’interrompre ma conversation, de vous détacher et de vous laisser satisfaire un besoin primaire sur lequel vous n’avez aucun contrôle. Peut-être qu’alors, lorsque je vous ligoterais à nouveau à votre retour, vous seriez plus encline à me laisser faire. Vous me trouveriez surement très étrange, qui attache quelqu’un à une chaise pour boire un thé ? Mais sachant qu’il vous suffit de demander pour retrouver votre liberté de mouvement, est-ce que vous ne vous sentiriez pas rassurée ? 

Il y aurait moult choses à dire autour de tout ça. Est-ce que vous ne préfèreriez pas un café ? Est-ce que ce cupcake que vous aimiez tant dans votre enfance est toujours votre gateau préféré ? Est-ce que ma conversation vous intéresse vraiment ? Et est-ce que ma manie de vous tripoter la joue pendant que je parle vous est bien agréable ? Ou est-ce que vous êtes simplement trop polie (ou terrifiée) pour me demander d’arrêter ? Affaire à suivre… 

Pour l’instant, je vous laisse relire ce texte en remplaçant vous par votre cheval, les cordes par un box ou une barre d’attache, la conversation et le thé par un pansage et le besoin primaire… à vous de choisir !

Discussion parasitaire

Julie Ladon • Clio Marshall •

Cette semaine chez Bouillon de Poney on se penche sur la vermifugation et pour l’occasion, on est allé demander de l’aide à une vétérinaire. Cette série d’article est co-écrite par Julie Ladon, vétérinaire à la clinique de Mens (pour le fond), et Clio Marshall, fondatrice de Bouillon de Poney (pour la forme). Il n’est pas question ici de vous dérouler un protocole de vermifugation universel (parce que ça n’existe pas) mais plutôt de vous inviter à réfléchir sur certains éléments qui entourent cette prescription vétérinaire (on le rappelle) complètement banalisée et qui ne l’est pourtant pas, banale, tant d’un point de vue environnemental, que d’un point de vue économique, qu’au regard de la santé de nos chers chevaux présents et futurs.
N’hésitez pas à en parler à votre vétérinaire et à vous renseigner auprès de l’IFCE ou des autres organismes qui regorgent d’informations sur le sujet. Et pour illustrer tout ça, on vous a sélectionné nos plus belles photos de troupeaux de Chevaux de Skyros !

La première chose sur laquelle on a voulu se pencher, quand on a commencé à faire le ménage dans toutes les infos qu’on voulait vous donner concernant la vermifugation, c’est le risque de développement des résistances. Ces résistances ne relèvent pas d’une accoutumance à une molécule mais d’une mutation génétique de certains individus (qu’on appelle les parasites résistants, en opposition aux parasites sensibles).
Dans l’environnement de nos chevaux (et dans nos chevaux, littéralement), il y a une certaine proportion de parasites sensibles et une certaine proportion de parasites résistants à une ou plusieurs molécules données. Notre but, c’est de faire en sorte que cette seconde reste la plus basse possible (ce qui est naturellement le cas dans un environnement équilibré).

Lorsqu’on vermifuge, on vient détruire (ou expulser, selon la molécule choisie) tout ou une partie des parasites. À chaque vermifuge, on joue donc sur ces proportions en faisant baisser le nombre de parasites sensibles et augmenter le nombre de parasites résistants, qui eux ne sont pas touchés par la molécule et qui vont donc continuer à se reproduire.
Le vermifuge n’est donc pas un acte neutre et sans conséquence. À chaque fois qu’on utilise l’une de ces seringues, on favorise le développement de ces résistances. Le risque, à terme, c’est de n’avoir plus que des parasites résistants, et donc de n’avoir plus aucun moyen de traiter les chevaux gravement atteint de parasitisme (autre que leur propre système immunitaire).

Alors qu’est-ce qu’on fait ? Et bien premièrement, on évite à tout prix le sous-dosage. En donnant une dose pour 400kg à un cheval de 500kg, on prend le risque d’affaiblir sans tuer une partie des parasites sensibles. On multiplie donc le risque de prolifération de parasites de plus en plus résistants.
Il existe des moyens d’estimer le poids de votre cheval, ne vous en privez pas ! Et en cas de doute, le sur-dosage est moins nocif que le sous-dosage.

Une autre idée qui mérite grandement d’être remise sur le devant de la scène, c’est la vermifugation systématique quatre fois par an. Pourquoi ? Parce qu’on le sait, les études l’ont montré, 20% des chevaux adultes hébergent 80% des parasites. Donc sur un troupeau de cinq chevaux, statistiquement, un seul, et on dit bien un seul cheval est affaibli par le parasitisme. Les quatre autres sont des animaux refuges : ils hébergent des parasites sensibles, mais ils vivent très bien avec.
N’oublions pas que c’est la sur-population qui nuit à la santé de nos chevaux. À petite dose, les vers permettent de garder un système immunitaire actif et efficace.
En vermifugeant tout le monde, ou en vermifugeant certains chevaux à une période où il n’en auraient pas besoin, à nouveau, on détruit tous les parasites sensibles et on laisse uniquement les parasites résistants se développer. À l’échelle d’une grosse pension ou d’un élevage, on imagine bien vite les conséquences que ça peut avoir : la proportion entre parasite résistant et parasite sensible s’inverse et là, c’est la cata !
Les animaux refuges permettent d’équilibrer la population générale de parasites en préservant une proportion conséquente de parasites sensibles. Ces animaux sont essentiels dans la lutte contre le développement des résistances.

Alors je vous voir venir, quid de vermifuger tout un troupeau eu même temps ? Est-ce que les chevaux refuges non traités ne vont pas se réinfester les uns les autres ? Et bien oui mais leur système immunitaire va faire le travail nécessaire pour détruire une partie des parasites ingérés et garder cet équilibre entre parasites sensibles et parasites résistants, sans jouer sur les résistances puisque le système immunitaire est le seul à pouvoir détruire ces derniers.

La vermifugation systématique est pratique et bien sûr qu’elle semble intéressante sur une vision à court terme. Peu de risque pour nos chevaux, moins de tracas. Mais c’est une bombe à retardement, c’est un danger pour les générations à venir : à traiter aujourd’hui à tout va, on se tire une balle dans le pied et on creuse notre propre tombe parce que dans quelques années, lorsque les parasites résistants seront largement majoritaires et qu’on voudra traiter un cheval souffrant de parasitisme, et bien on ne pourra plus.
Il est temps de redonner au vermifuge son statut de traitement vétérinaire et de le considérer au cas par cas. C’est nécessaire pour le bien-être de nos chevaux, c’est bénéfique pour notre environnement, et à terme, c’est aussi bénéfique pour notre porte monnaie.

Maintenant, la coproscopie. Le cas par cas c’est bien mais ça fait souvent peur aux gens parce qu’on s’imagine déjà des gros chiffres et un investissement intellectuel qu’on a pas forcément envie d’assumer.
Heureusement, il existe un truc tout simple qui, pour une quinzaine d’euros, peut répondre à une grande majorité de vos questions : la copro !

Alors oui, ça implique de ramasser quelques boules de crottin frais et de les emmener chez votre vétérinaire, mais ça permet tellement de choses géniales que croyez moi, ça en vaut la peine. Déjà, ça permet de déterminer si un cheval souffre de parasitisme ou non, grâce à l’étude du nombre de vers présents. Donc on ne traite que les chevaux qui en ont besoin, et on laisse les chevaux refuge tranquilles. Ensuite, ça permet de déterminer de quel parasite souffre le cheval, et donc de traiter précisément celui qui nous embête. Deux petits gestes simples qui vous permettent déjà de limiter le développement des parasites résistants dont on parlait auparavant.

Enfin, ça permet de déterminer le statut de votre cheval : fort excréteur, ou faible excréteur. Et ça c’est un petit trésor pour l’avenir ! Les études ont montré que trois coproscopies suffisent à déterminer un cheval faible excréteur, et que ce statut a 90% de chances de se répéter d’une année à l’autre. Les chevaux forts excréteurs, qui devront donc être vermifugés régulièrement, ne représentent que 20% de la population totale (souvenez-vous de cette petite phrase, 20% des chevaux adultes hébergent 80% des parasites !)
Une fois le statut d’un cheval défini, et avec l’aide de votre vétérinaire qui estimera le parasitisme de l’environnement à l’aide d’un bilan sanitaire, alors vous pourrez définir ensemble un protocole de vermifugation de base d’un, deux ou trois vermifuges par an en fonction des individus (oui parce que quatre, c’est vraiment exceptionnel). Et vous pourrez alors vous permettre de ne faire des copros qu’exceptionnellement (lorsque des signes tels qu’un amaigrissement ou une diarrhée vous inquiètent pour l’un de vos chevaux).

Allez on récapitule. L’utilisation des vermifuges a été complètement banalisée et sortie de son contexte vétérinaire. Or une mauvaise gestion des protocoles de vermifugation a un impact catastrophique sur de nombreux plans.

  • L’environnement : les vermifuges ont un effet destructeurs sur les plantes et se retrouvent dans les sols et les rivières.
  • La faune sauvage : les abeilles, par exemple, raffolent de l’urine d’équidés, et ramènent alors le vermifuge larvicide dans la ruche, ce qui l’affaiblit et peut parfois la détruire. Et ce n’est qu’un exemple sur les milliers d’insectes qui se nourrissent d’urines et de crottins.
  • Le développement des résistances et donc la santé de nos chevaux à long terme.La vermifugation doit être considérée au cas par cas. Il est temps d’en finir avec les phrases so 2012 du genre « il faut vermifuger tous les chevaux d’un même pré en même temps » ou « vermifuge obligatoire à chaque changement de saison » !

Enfin n’oubliez pas que 10% seulement des parasites se trouvent dans nos chevaux ; 90% sont dans notre environnement. La lutte contre le parasitisme, pour être efficace et cohérente, doit contenir un plan de gestion de cet environnement : il est temps d’aborder des questions comme les rotations de parcelles, le sur-pâturage, le compostage des crottins et j’en passe. Autant de sujets qui soulèvent de nombreuses questions bien plus profondes sur notre vision de l’équitation et de la place du cheval dans notre société. Mais on garde ça pour un autre jour !

Le cumul de déclencheurs

Clio Marshall

Ceux qui ont déjà travaillé avec moi m’ont forcément déjà entendu parler de l’échelle du stress. C’est sur cette notion particulière que j’ai choisi de m’arrêter cette semaine, en essayant d’aborder la chose de la manière la plus neutre possible. Attention, ce qui va suivre risque de ne pas être très sexy (ça ne sera pas non plus hautement scientifique, parce que j’ai arrêté la bio en première et c’était… il y a longtemps). Mais c’est un sujet important qui peut nous aider à mettre un petit coup derrière la tête à certaines idées reçues.

Dans mes lectures anglophones et canines, les termes ‘threshold’ et ‘trigger stacking’ reviennent régulièrement. Ils sont malheureusement encore totalement absents du vocabulaire équestre français (en tous cas de ce que j’en vois, mais je serais ravie de m’être trompée). Pourtant les mécanismes sont les mêmes, peu importe la langue ou l’espèce. C’est ce qu’on va traduire et décortiquer cette semaine, pour que la prochaine fois que quelqu’un pense “il fait semblant, d’habitude il passe ça sans problème”, on puisse lui expliquer ce qu’il se passe vraiment.

Parce qu’aucun cheval ne passe de 0 à 60 comme ça, d’un coup. Si ça arrive, c’est qu’on a pas réalisé qu’il était depuis bien longtemps à 59.

Au début, il y a les déclencheurs. Enfin non, au début il y a vous, moi, le gros Panda et Petit Poney, qui vivons notre jolie vie paisible et agréable avec amis et habitudes. Et alors arrivent les déclencheurs. Par exemple ce réveil qui ne sonne pas, ce type qui mâche la bouche ouverte à la table d’à côté, ce chien qui s’approche des croquettes du Pandu ou ce tracteur qui croise la route de Poney en balade.

Un déclencheur, c’est tout ce qui va créer une réaction émotionnelle chez Poney (on va se recentrer sur Poney, mais vous l’aurez compris, ça ne lui est pas spécifique). Ça peut être un événement, une personne, un animal, mais aussi un bruit, bref, tout facteur qui entraîne une réaction émotionnelle (une émotion) chez Poney. Un déclencheur, c’est un facteur de stress que Poney ne maîtrise pas, et qui peut engendrer une réaction inappropriée (ou disproportionnée) de sa part. C’est quelque chose qui le gêne, qui le blesse, qui l’effraie, qui le handicape.

  • Une chose que je pose là, au cas où : il ne tient qu’à nous de travailler Poney pour que ce déclencheur n’en soit plus un. Ou en tous cas pour que ce déclencheur fasse monter Poney sur la deuxième marche de son échelle de stress plutôt que sur la sixième.
  • Une deuxième chose que je pose là : les déclencheurs de mon Poney ne seront pas ceux de votre Poney. Pas les vôtres, pas ceux de son copain de pré non plus, mais les siens. Certains sont classiques et plutôt communs, d’autres peuvent être plus surprenants, parce qu’ils dépendent de facteurs que l’on ne maîtrise malheureusement pas.

Pour finir, il y a les déclencheurs « invisibles ». Ceux qui ont suivi notre semaine consacrée à l’alimentation l’hiver dernier se souviennent par exemple qu’un accès limité à une alimentation pauvre en fibre est un ÉNORME facteur de stress pour le cheval. De la même façon, une douleur, la solitude ou un changement d’habitude sont des déclencheurs. Et peut-être même les pires.

Lorsqu’il est confronté à un déclencheur, Poney voit son taux de cortisol s’élever (pas seulement, mais c’est sur cette hormone là qu’on va s’arrêter aujourd’hui). Le cortisol, c’est ce qui est produit en grande quantité lors d’une situation à risque (après l’adrénaline) et qui est associé à l’instinct combat/fuite/sidération (et donc au système nerveux sympathique). Pour faire simple, le cortisol puise dans nos réserves et transforme la graisse en sucre. Il permet de trouver l’énergie stockée et de la redistribuer en fonction de notre besoin (aux muscles pour la fuite par exemple).

Le cortisol ne quitte pas l’organisme en un claquement de doigt. Il faut plusieurs heures (et j’insiste sur le plusieurs heures, pas minutes, heures) pour que le taux de cortisol ne redescende complètement. Donc, lorsque vous croisez un tracteur en balade, que Poney fait un écart et qu’il reprend ensuite le cours de sa balade, ça ne veut pas dire que le tracteur est oublié. Le taux de cortisol est en train de redescendre, mais il ne sera pas redescendu complètement avant quelques heures (voire quelques jours selon le déclencheur).

Maintenant souvenez-vous de nos déclencheurs « invisibles ». Ceux avec lesquels le cheval vit au quotidien. On ne s’habitue pas à un stress, on apprend à vivre avec. Ça ne va pas « passer avec le temps ». Mais nous, cavaliers, propriétaires, gérants de pension ou moniteurs, on va s’habituer aux signaux de stress que nous envoie le cheval, et on va les prendre pour acquis. On va mettre une étiquette sur tel ou tel comportement que l’on ne veut plus voir, on va généraliser certaines attitudes, on va fermer les yeux et en demander plus, jusqu’à en demander trop. Poney se s’est pas habitué à son stress, il prend sur lui. Nous, par contre, on s’habitue à l’expression de son mal-être au point de ne plus l’entendre.

Lorsque les déclencheurs sont espacés dans le temps, le cheval peut les supporter. Ça ne veut pas dire qu’il les ignore mais qu’il les tolère. Et il est en capacité de les tolérer, donc de prendre sur lui, parce que tout ça reste en dessous de son seuil de déclenchement.Mais lorsque les déclencheurs s’enchaînent ou, pire encore, arrivent en même temps, alors ils s’accumulent. C’est ce qu’on appelle, assez simplement, le « cumul de déclencheurs », ou ‘trigger stacking’ en anglais.

Lorsque les déclencheurs s’enchaînent, le taux de cortisol n’a jamais le temps de redescendre. C’est à ce moment là que Poney commence à grimper sa petite échelle de stress. Sauf que si on ne le sait pas, on n’y prête pas vraiment attention. Et c’est là que « sorti de nul part, il a complètement explosé ». Mais ça n’était pas sorti de nul part. Ça fait des heures que Poney envoie des signaux, plus ou moins discrets, pour montrer que ça monte. Tous ces comportements ont des explications, et « il ne veut pas bosser » ou « il se fout de ma gueule » n’en font pas partie. Le cumul de déclencheurs explique un nombre incalculable des comportements indésirables qu’on observe chez les chevaux. C’est ce qui explique aussi le fait que parfois Poney se déclenche et parfois non. Et vous vous souvenez de nos déclencheurs invisibles ? C’est là qu’ils jouent un rôle capital.

Le cumul de déclencheurs, le seuil de déclenchement, et l’échelle du stress font partie des grands oubliés de l’équitation française. On leur préfère le manque de respect, le manque de connexion, le manque d’exercice ou le côté tête de mule d’un cheval.

Ce qu’il manque surtout c’est une connaissance même superficielle du fonctionnement d’un cheval, et du travail. Nos chevaux, comme nos chiens, payent le manque d’entraînement que nous leur imposons. Lorsqu’un comportement indésirable se produit, la première question qu’on devrait se poser, c’est « pourquoi ». Pourquoi est-ce qu’il a fait un écart là où d’habitude il passe sans problème, pourquoi il mâchouille son licol lorsque j’essaye de lui mettre, pourquoi il s’arrête devant les obstacles, pourquoi il m’a mordu lorsque je l’ai sanglé. Sauf que la question qu’on se pose dans ces cas là, c’est « comment ». Comment je vais l’éduquer ou le corriger pour qu’il cesse ces comportements. On se concentre le symptôme, celui qui se voit mais qui n’est finalement qu’une cerise sur le gâteau. On tapisse de sparadraps au lieu de regarder la plaie en profondeur, et d’aller chercher la cause, la vraie. Celle qui, bien plus discrète que les symptômes, s’immisce sournoisement dans notre quotidien depuis maintenant des semaines voire des mois. Parce qu’avant de faire un écart, il avait déjà une attitude plus haute. Parce qu’avant de mâchouiller son licol, il a détourné le regard et la tête légèrement à notre arrivée. Parce qu’avant de s’arrêter devant un obstacle, il a peut-être chargé dix fois ce même obstacle. Et parce qu’avant de mordre au sanglage, il a probablement couché les oreilles pendant des mois.

Donc le responsable de ces comportements, celui à punir, finalement, ce n’est pas Poney, c’est nous, nous qui avons échoué à remarquer les panneaux lumineux et les recommandés qui nous ont été envoyé depuis des jours, des semaines ou des mois. Nous qui avons échoué à offrir à Poney un cadre de travail sain et bienveillant, et qui le punissons maintenant pour avoir la choisi la voie dans laquelle on l’a poussé sans vraiment lui laisser le choix.

Le risque quand on traite les symptômes sans se pencher vraiment sur la cause, c’est qu’on envoie au cheval une information (« je me fous de ce que tu me dis ») qui peut mener à deux choses :

  • une escalade des comportements de défense qui entraînera probablement une situation dangereuse ;
  • la résignation apprise.

.Je vous laisse sur ces images de l’éthogramme de la douleur chez le cheval monté, en vous rappelant que la douleur est un déclencheur aussi puissant qu’il peut être invisible. Observer certains de ses comportements sous la selle et ne pas y prêter attention, c’est faire le choix de fermer les yeux.
https://www.saddleresearchtrust.com/how-do-i-know-if…/…

Do the best you can until you know better. Then when you know better, do better.”

Maya Angelou

Le reculer

Chloé Vic, Clio Marshall

Le reculer est généralement considéré comme un exercice de base dans l’éducation d’un cheval. Outre le fait qu’il est utile pour aider un cheval à se rééquilibrer, il sollicite les muscles de la protraction et de la rétraction des membres selon un schéma qui diffère de celui des autres allures. En effet, lors du reculer, les muscles travaillent en « inversion de point fixe » (Denoix, 2014).

Au pas, au trot et au galop, la protraction, c’est à dire le mouvement du membre vers l’avant, s’effectue lorsque celui-ci ne touche pas le sol (phase de soutien). La rétraction (mouvement du membre vers l’arrière) a lieu en phase d’appui, lorsque le membre est au sol et donc chargé du poids du cheval. Quand le cheval recule, ces actions sont inversées :

  • La protraction a lieu en phase d’appui. Les muscles de la protraction « tirent » le corps du cheval vers l’arrière, le membre restant fixe, au sol. Cela leur demande une force accrue et permet donc de travailler leur puissance. On retrouve parmi ces muscles le brachiocéphalique, qui joue un rôle capital dans l’embrassée du terrain et le trousser des antérieurs à l’obstacle, mais également les ilio-psoas, sollicités lors de l’engagement des postérieurs.
  • La rétraction a lieu en phase de soutien. Les muscles de la rétraction mobilisent donc le membre lorsqu’il est en l’air. Cette action leur demande moins de force mais nécessite un plus grand contrôle et une plus grande précision motrice. Les muscles de la propulsion tels que le fessier moyen, le biceps fémoral ou le muscle semi-tendineux sont sollicités lors de cette phase.

Un petit point maintenant sur l’aspect comportemental du reculer, qui est victime de nombreuses idées reçues.
Le reculer ne fait pas partie des signaux de communication du cheval. En d’autres termes, les chevaux n’utilisent pas le reculer pour communiquer quoi que ce soit entre eux.
De plus, en liberté (en dehors du travail), le reculer est assez inhabituel pour le cheval. Ce dernier lui préfère plutôt les mouvements en avant, en arc de cercle, ou de côté.

C’est un exercice difficile qui demande une bonne coordination des membres, de la proprioception et une grande confiance en la personne qui le demande, puisque le cheval évolue « à l’aveugle ».

Sauf s’il a été travaillé au préalable, le reculer n’est pas une réponse très pertinente à donner à un cheval dit « envahissant » ou « impatient ». En agitant la longe ou le stick, on va

  • envahir son espace, ce qui est très contradictoire avec le message qu’on veut lui faire passer
  • lui faire lever la tête, et reculer avec le dos creux, ce qui va à l’encontre d’un reculer correctement réalisé
  • punir le cheval plutôt que de chercher la cause de son intrusion « dans notre bulle » ou de son « impatience » pour lui apporter une solution.

Dans un tel cas, le reculer est une punition qui ne dit pas son nom. C’est un inconfort ajouté dans l’idée de faire disparaître un comportement indésirable, comportement gênant pour la personne mais nécessaire pour le cheval à cet instant T. En l’utilisant ainsi, on l’associe rapidement à une situation négative, ce qui rendra souvent son utilisation dans le travail plus difficile.

Sources :
Biomécanique et Gymnastique du cheval, Jean-Marie Denoix
Language Signs and Calming Signal in Horses, Rachaël Draaisma, 2017
Lucy Rees, The Horses Mind, 1993

La règle des 3D

Clio Marshall

La règle des 3D est très utilisée dans l’éducation canine et mériterait de l’être un peu plus dans le monde équestre, alors allons-y.
Les trois D sont : distance, durée, distraction. La règle des 3D nous dit que lors d’un nouvel apprentissage, il est important de travailler sur un D à la fois avant de pouvoir mixer les trois. Je m’explique avec un exemple que l’on connaît tous, la barre d’attache.

Rester à la barre d’attache n’est pas inné chez le cheval. C’est le fruit d’un apprentissage souvent négligé. Pour pouvoir réaliser cet exercice, le cheval doit mobiliser un ensemble de compétences qu’on lui aura appris auparavant.
Durée : l’immobilité n’est pas naturelle pour le cheval. On va donc lui apprendre progressivement à rester de plus en plus longtemps immobile avant de l’attacher à la barre.
Distance : dans cet exemple, la distance peut correspondre au fait de s’éloigner de son cheval et le laisser seul à la barre d’attache ; ou bien au fait de lui demander de rester immobile d’une certaine distance. Dans les deux cas, cet apprentissage spécifique doit être progressif.
Distraction : un tuyau d’eau, des chevaux autour ou au contraire, le cheval est isolé sur une aire de pansage, un tracteur qui passe, bref, les distractions peuvent être nombreuses.

Vous l’aurez compris, la règle des 3D nous rappelle que pour que l’apprentissage soit le plus efficace possible (et fait dans le respect du bien-être du cheval, soit sans lui procurer de stress évitable ou trop intense), il est important de travailler ces facteurs indépendamment les uns des autres. On commencera par exemple par travailler sur la durée, pour passer de quelques secondes à une poignée de minutes. On pourra alors commencer à introduire un peu de distance, en s’éloignant quelques secondes (on baisse les critères en terme de durée pour pouvoir introduire le travail sur la distance). Puis on pourra amener quelques distractions, toujours sur un temps court en étant près de lui. Petit à petit, on pourra alors commencer à travailler la durée + la distance (s’éloigner de plus en plus longtemps), ou la distance et la distraction (s’éloigner un peu, allumer l’eau au robinet puis revenir).

En travaillant tous les critères en même temps, on a de grandes chances de placer le cheval en situation d’échec. La règle des 3D nous force à décomposer nos apprentissages, à évaluer nos acquis avant de passer à l’étape suivante, à faire des plans et donc à enseigner les choses correctement à notre cheval. Les apprentissages sont plus solides, et plus positifs (dans le sens où le cheval n’y associe pas de mauvaises expériences ou d’émotions négatives).

Introduction du sac de charge en lieu connu
Généralisation du sac de charge en lieu inconnu

Evitement et échappement, deux stratégies différentes

Clio Marshall

L’échappement est le comportement émis par un organisme en présence d’un stimulus aversif lui permettant de le faire cesser ou de s’y soustraire. L’évitement est le comportement par lequel un organisme se soustrait de façon anticipée à un stimulus aversif en ajournant son apparition (Esteve Freixa i Baqué, 1981).

Autrement dit, l’échappement, c’est le mouvement que le cheval effectue en conséquence d’un stimulus qu’il qualifie de désagréable. L’évitement, c’est le mouvement que le cheval effectue pour ne pas se confronter à ce stimulus.

L’évitement est une stratégie de défense moins coûteuse pour le cheval que l’échappement, puisqu’elle lui permet de ne pas être en contact avec le stimulus aversif.

Des expériences ont montré que les oies se mettent à l’abri lorsqu’elles aperçoivent la silhouette d’un faucon même si elles n’en ont jamais rencontré auparavant. C’est ce qu’on appelle de l’évitement inné, propre à l’espèce.

L’évitement appris se découpe lui en deux étapes. D’abord, l’animal apprend à craindre un stimulus parce qu’il est systématiquement associé à un résultat négatif. C’est un stimulus aversif. Ensuite, l’animal apprend à agir lorsqu’il perçoit un élément annonciateur du stimulus aversif pour éviter d’entrer en contact avec ce dernier. Une fois que l’association a été formée entre ce stimulus discriminatoire et le stimulus aversif, celui-ci n’a plus besoin d’avoir lieu pour que l’animal mette en place sa stratégie d’évitement.

Qu’elles soient innées ou acquises, les stratégies d’évitement peuvent être modifiées par l’apprentissage.

Évitement passif : l’animal évite le stimulus en question en restant à distance de sécurité.
Évitement actif : la fuite.

Le choix entre un évitement passif ou un évitement actif dépend de l’environnement et du stimulus que le cheval cherche à éviter.

Sources :
Une mise au point de quelques concepts et termes employés dans le domaine du conditionnement opérant, Estève Freixa i Baqué, 1981
Dictionnaire du comportement animal, sous la direction de David McFarland, 1981
https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0184851#pone.0184851.ref030
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8816904/

Le conditionnement classique, ce grand oublié

Clio Marshall

Le renforcement négatif, qui est utilisé partout aujourd’hui dans le travail du cheval, peut avoir un effet néfaste sur le bien-être de ce dernier lorsqu’il est utilisé seul. Pour pallier à ça, il s’agit de l’associer à d’autres types de conditionnement.
Par exemple, il a été prouvé qu’un apprentissage qui se veut respectueux du bien-être du cheval devrait se découper en trois phases :

  • Phase 1 : essai erreur (renforcement négatif)
    Le cheval apprend la réponse qui lui permet d’échapper à un stimulus aversif.
  • Phase 2 : on réduit la pression (utilisation d’un stimulus discriminatif)
    En utilisant une progression claire et constante dans nos demandes, on est en mesure d’alléger la pression exercée pour obtenir le même résultat. Le cheval est capable de discriminer le stimulus et de trouver la bonne réponse de plus en plus tôt.
  • Phase 3 : on associe le comportement à un stimulus neutre (conditionnement classique)
    Le comportement est acquis, on associe alors un stimulus neutre au comportement voulu, de façon à pouvoir se passer complètement du stimulus aversif.

Si vous avez bien suivi, alors vous avez noté qu’on passe d’une stratégie d’échappement à une stratégie d’évitement.

Imaginons un exemple tout simple : on souhaite apprendre à un cheval une transition descendante.
Phase 1 : je mets de la pression dans mes deux rênes.
Le cheval peut alors fermer son angle tête-encolure, lever la tête, ralentir. En relâchant la pression de mes rênes au moment où il ralentit, je lui donne l’indication qu’il a trouvé le comportement souhaité.

Phase 2 : je mets une légère pression dans mes deux rênes.
Le cheval a fait l’association entre le fait de ralentir et l’arrêt de la pression. Il va donc amorcer sa transition dès le début de la pression, sans proposer d’autres comportements, sans attendre non plus que la pression n’augmente trop.

Phase 3 : je m’assois dans ma selle.
J’associe un stimulus neutre (m’asseoir dans ma selle) au comportement conditionné. Je n’ai alors plus besoin d’utiliser mon stimulus aversif.

En prenant cet exemple concret, on réalise que tout le monde est bien conscient de cette troisième phase. Tout le monde a pour but ultime le fait de ralentir son cheval en s’asseyant dans sa selle. Or, peu de gens comprennent réellement la mécanique engagée derrière. La preuve en est, le nombre croissant de professionnels vous affirmant pouvoir éduquer un cheval sans lui mettre de pression mais sans pour autant passer par du renforcement positif. La phase 1, la plus coûteuse pour le cheval finalement puisqu’elle induit l’utilisation d’un stimulus aversif pour créer l’association, est nécessaire. Le stimulus neutre ne peut pas être compris par le cheval et associé au bon comportement si celui-ci n’a pas été, au préalable, associé au stimulus aversif et renforcé.

Le problème de l’équitation aujourd’hui n’est pas l’utilisation du renforcement négatif, c’est le manque de connaissance des théories de l’apprentissage et l’absence de conditionnement classique. C’est le fait de baser son travail sur un mécanisme d’échappement plutôt que sur un mécanisme d’évitement.

Il me semble aussi important de (re)préciser que le fait de travailler en renforcement négatif ne doit pas nous dispenser de respecter le principe de la modification comportementale : vérification des potentiels problèmes de santé, satisfaction des besoins, gestion de l’environnement, enrichissement, puis enfin entraînement (voir l’article de blog à ce sujet).

Source : Roles of Learning Theory and Ethology in Equitation, P. D. McGreevy & Andrew McLean, 2007

L’importance des bases

Chloé Vic, Clio Marshall

Il est normal de prendre du temps pour construire des bases solides (et d’y revenir régulièrement). Il m’arrive régulièrement, lorsque je suis en séance, de revenir à des exercices simples qui pouvaient sembler acquis depuis longtemps. Ça peut parfois sembler rébarbatif ou inutile mais, en réalité, une progression n’est jamais linéaire (et les bases sont souvent survolées). Lors des bilans combinés que j’ai réalisé en Suisse avec Clio, j’ai pu constater qu’elle en faisait autant dans sa spécialité.

On sous-estime bien trop les bases, qui sont pourtant le fondement de notre relation et de notre équitation. Une mise de licol, qui peut sembler la chose la plus anodine au monde, ne l’est absolument pas, parce qu’elle implique d’entrer dans l’espace du cheval et de le toucher (ce n’est pas un animal de contact). C’est un acte intrusif et on ne prend bien souvent aucune précaution. Il peut être bien réalisé et il peut être bien enseigné. Mais la plupart du temps, c’est un calvaire pour les chevaux. Et ce ne sont que les trois premières minutes de la séance.

On rencontre des problématiques similaires en dressage. Il est indispensable de revenir quotidiennement à des exercices simples, comme les cercles au pas ou les transitions pas-arrêt, avant de nous atteler à des mouvements plus avancés. Ce sont ces exercices de base qui nous permettent, par exemple, d’améliorer notre assiette et notre coordination, la qualité du contact, de maintenir la souplesse du cheval, d’affiner nos codes… Sans ce travail, on finit toujours par ne plus progresser, voire par régresser.

Des bases solides et saines sont capitales, et tout le travail qui vient en aval devrait nous inciter à les reprendre régulièrement et à les consolider. Les bases représentent finalement 90% de notre travail.

L’immersion

Clio Marshall

L’immersion, c’est le fait d’exposer un cheval à un stimulus (en dépassant largement son seuil de tolérance) en attendant qu’il bloque ses pieds. Par exemple, lorsqu’on agite un stick prolongé d’un sac plastique autour d’un cheval effrayé (naseaux dilatés, tête haute, tension générale du corps, blanc de l’œil visible, bouche fermée et tendue, oreilles figées, bref, vous voyez l’idée) et qu’on baisse le stick au moment où le cheval arrête de bouger, on fait de l’immersion. C’est une méthode extrêmement violente qui a de nombreux effets négatifs sur le cheval et la relation.

Lorsqu’on présente à un cheval un objet qu’il ne connait pas, son premier réflexe est de s’en éloigner pour remettre une distance de sécurité entre lui et l’objet, puis de l’observer. Alors, soit il retourne à ses activités, soit il décide de se rapprocher pour observer et analyser l’objet.

Lorsqu’on tient le cheval en longe et qu’on approche le sac plastique, on empêche le cheval d’exprimer ce comportement de fuite. Si le degré de stress est encore supportable, le cheval va faire un choix entre l’inconfort de l’objet nouveau et l’inconfort de la résistance sur la longe, ou de la personne qui lui met des grands coups de licol pour l’arrêter. Souvent, il va bloquer ses pieds (échapper à la pression du licol) mais rester tendu et paniqué. Si le degré de stress n’est plus supportable pour le cheval, il lui reste alors deux solutions : la lutte (il va se battre contre la main, ou attaquer la personne) ou la sidération (il s’éteint).

Dans tous les cas, le cheval apprend que s’exprimer ne sert à rien. L’immersion rompt la communication, qui est pourtant capitale pour la construction d’une relation saine et positive.

L’immersion apprend au cheval l’immobilité, pas la décontraction. Or, un bon entraineur devrait toujours favoriser les émotions aux comportements.

Les alternatives à l’immersion sont nombreuses. N’hésitez pas à vous renseigner !

En photo, Achille, Cheval de Skyros, observant un troupeau de chèvre après avoir mis la distance nécessaire entre elles et lui.